Journée « repos » ! [PV : Minou]

À l'aube, se levant comme à son habitude, le soleil éclairait le pensionnat Kumiko. Le dortoir de Noriko qui était dirigé en plein vers l'ouest baignait déjà dans la clarté du jour. Quelques rayons de soleil s'étaient infiltrés dans la chambre de Nanaho, passant à travers l'entrebaillement des rideaux. Rien n'y échappait, pas la moindre parcelle du dortoir n'était plongée dans la pénombre, comment pouvait-on bien dormir avec le soleil qui nous tapait en plein dans la figure ne voulant assurément pas nous laisser dormir. Pour quelques minutes semblait-il mais pour quelques heures de réalité, chacun s'abandonne au sommeil, cet havre de paix pour certains alors qu'il est une telle perte de temps pour d'autres. Le sommeil est le seul monde qui, dans la vie, soit vraiment à nous, la veille nous plonge dans une illusion commune, dans un océan qu'on nomme réalité. Dérangé par le soleil, tiré de son rêve de gloire et de richesse, emprunté le temps d'une journée de son illusion si réelle, personne ne peut être indifférent à cette sensation qui nous pousse hors de nos couvertures si douillettes et accommodantes. Les yeux clos, tout ce qui est, ou plutôt tout ce qui semble être autour de nous est vide, noir et dénué de toute émotion, de toute vie. Le sentiment de liberté, le repeindre à notre manière, y implanter telle ou telle chose, rien n'est là pour nous déranger, aucun obstacle juché sur notre route. Y ajouter des personnages, une histoire... Chaque nuit, nous écrivons notre propre compte de fée, nous créons un monde imaginaire où nous nous sentons bien, où tout est magique, tout semble si aisé et facile à atteindre.
Nanaho rêvait qu'elle avait à nouveau 5 ans. Ses parents rentraient du travail les bras chargés de cadeaux, si vous auriez vu l'éclat dans ses yeux couleur noisette, son large sourire grandissant de plus belle sur son minois angélique. Ouvrant avec précaution le paquet apporté par ses parents - l'emballage bleu ciel couvert de ballons de baudruche multicolores enrubanné d'un joli ruban rouge ne laissait nullement présager ce qui pouvait bien se trouver à l'intérieur du dit cadeau -, elle ne pouvait restreindre son excitation à l'idée de savoir ce qui s'y trouvait. Depuis quelques semaines déjà elle suppliait désespérément de lui offrir un petit chiot brun, depuis quelque temps déjà elle espérait avoir un Cocker Anglais qu'elle appellerait Suchi. Jusqu'à présent ses parents avaient été catégoriquement contre l'achat du petit animal mais une once d'espoir résidait encore dans la petite tête de Nanaho.
Elle était donc en train d'ouvrir le paquet quand tout à coup une lumière jaillit ! Cette lumière rouge qui vient nous tirer de notre sommeil si serein, ce sentiment de déboussolement qui nous envahit, nous perturbe. On ouvre les yeux. Les premières secondes de notre réveil, on se sent perdus, ne savant pas très bien ou nous sommes, nous nous posons des questions, nous remémorons nos rêves passés. Comprenant enfin qui et où nous sommes, on aperçoit les rayons de soleil qui nous fouettent le visage de leur lueur si perçante.
On était samedi, un jour à dormir jusqu'à midi vu que les pensionnaires n'avaient pas cours ce jour là, bien sûr, il pouvaient se présenter dans le gymnase afin de s'entraîner mais à une heure raisonnable serait mieux convenu. Quoique quelques lèves-tôt étaient surement déjà en train de se préparer à l'entraînement. À moins que le soleil si radieux n'ait réveillé d'autres dormeurs. Enfin, puisque elle avait déjà ouvert ses paupières, Nanaho ne pourrait de toute manière plus s'endormir - étrangement, depuis toute petite, une fois réveillée, rien ne pourrait la faire dormir hormis une forte dose de somnifères, ce qui lui était d'ailleurs fortement déconseillé -, ce n'était donc même pas la peine d'essayer. Elle se leva donc et alla, vêtue de son pyjama couleur mauve-lavande, voir à la fenêtre; dehors tout semblait désert. La vue du dortoir donnait en plein sur le parc, au loin on apercevait le terrain de football, les cours de tennis ainsi que le bâtiment des garçons. Habituellement gargouillant d'élèves les uns plus excités que les autres, le parc était, le samedi et le dimanche matin plongé dans le silence. Premièrement car, à cette heure-ci la plupart des gens dormaient et deuxièmement parce que le week-end, les pensionnaires retournaient voir leur famille, leurs parents chéris, leurs frères et soeurs,... Seuls les quelques orphelins présents dans le pensionnat le faisaient vivre pendant les jours fériés et les week-ends qui semblaient interminables.
Nanaho cependant n'haïssait pas, au contraire de la majorité des autres élèves, ces quelques jours de repos bien mérités. Elle aimait bien le silence et la planitude qu'ils lui offraient. La jeune fille ne voyait pas grand intérêt de rester dans sa chambre et de passer son temps à s'ennuyer et à regarder les mouches virevolter dans l'air. Elle alla donc dans la salle de bain pour se préparer. Elle prit une bonne douche revitalisante, se brossa les dents, se coiffa et s'habillât. Elle avait mit une jupe noire, une blouse blanche sertie d'un insigne de chat - le chat étant l'animal "fétiche" de Noriko - et des sandales blanches. L'uniforme n'était pas de rigueur les jours de repos mais Nanaho ne se séparait jamais de son insigne. Fin prête elle sortit du bâtiment et alla dans le parc. Au printemps, celui-ci était magnifique, l'herbe verte le couvrait tout entier, les premières fleurs avaient déjà poussé. Le sol était jonché de diverses marguerites, les boutons des arbres commençaient à faire leurs apparition sur les branches dont les fruits n'attendaient plus qu'à éclore. Les oiseaux matinaux chantaient, leur agréable chant était si apaisant, si doux et si léger. Nanaho traversa le parc de part en d'autre, passa devant le gymnase, devant les cours de tennis, devant le terrain de foot, celui de basket, devant le bâtiment des garçons pour enfin arriver au portail de l'école. Elle montra sa carte d'étudiant à l'homme qui était au guichet, celui-ci actionna un bouton qui ouvrit le portail pour qu'elle puisse passer.
Mais elle n'était pas la seule à vouloir quitter l'école...

» Un P'tit Repos Est La Bienvenu ! [Libre' Á Tous]